Il existe, perdu quelque part dans les entrailles de la terre, à l’abri de la lumière du monde, un homme qu’une mystérieuse cellule retient captif,
Pour un pas de plus c’est son bras gauche qui tombe,

Si âgé qu’il est désormais incapable de vieillir, personne ne connaît plus la faute à l'origine de son emprisonnement.

Pitoyable plaie à demi fossilisée, le souvenir des étoiles d’été le déchire encore parfois

Le corps ployé, il tire de toutes ses forces, son genou se tord, se déchausse, avant de céder complètement, dans sa chute, violemment, il avance

Dans ces moments de peine, les moignons caressant les globes vides de son visage ne cueillent plus aucune larme

Accroupi contre le mur, il lutte de toutes ses forces pour la revoir une dernière fois.

Il se traîne et dans un dernier élan se contorsionne pour tourner le cou, plusieurs veines éclatent, un liquide brun gicle, soudain son cœur roule hors de sa poitrine

Mais il ne parvient à prendre le recul nécessaire, ses entraves se collent contre son corps : ses chairs se déchirent, ses tendons craquent, ses os, ses dents se fissurent, on dirait une vieille machine qui s’ébroue

il parvient néanmoins à avancer, presque imperceptiblement: cet infime est pour lui tout un horizon, à chaque coup ce sont ses entraves qu’il refoule,

mais l’avancée lui coûte: à chaque nouveau heurt c’est un de ses membres qu’il perd