L'embarras

le 15/06/2011 à 00h 56min 54s
L'embarras

Même si je grognais, que je ne voulais pas que la hargne me fasse cracher, je me suis rendu compte très vite que c’était impossible : ça coulait de partout et se déversait à grosses dents, des quantités terribles capables d’engloutir la mer ; tandis que je m’agitais en m’efforçant de tout vider, je constatai avec effroi que ça n’en finissait pas de ne pas se finir, j’en avais la mâchoire douloureuse, le tourment, ça craquait à cause du sable, salé, c’était dégueulasse avec des restes de cauchemars et la fièvre par dessus, qui salit encore plus, impossible de rester debout, je me trainais avec les pattes cassées .
C’est alors qu’il y a eu les gémissements et le moment où les yeux aussi se sont mis à gerber, c’était une espèce d’explosion de crachats de tous les orifices, tellement dégueulasse que je m’imaginais fondre, j’avais envie de me tapir au fond, pour qu’il ne reste rien.
J’ai tout de suite détesté son arrivée, l’ironie, les mines, trop de claquements, c’était encore plus grossier que le reste, la posture, le visage imberbe, non, tout se confondait dans un système mou, parfaitement endormi.
Les oreilles s’étaient mises à saigner, on aurait pu naviguer à travers toutes ces violences, hors de la raison, je ne sentais plus aucune camaraderie. Je voulais le tuer.
J’ai sursauté quand ça s’est arrêté, je me suis dit: « alors c’est comme ça ? sec ? les coups dans le dos, ça s’épuise au bout d’un moment et on n’y repense plus, le courage s’émeut et finit par couler dans les flaques d’eau. Encore des rêves qu’on caresse.
Quand il s’est enfui, ce fut un grave soulagement. Sa redoutable absence ne nous avait pas encore frappé. Le peu de lumière ne remplissait plus grand chose, c’était calme mais creux, on avait plus rien pour aller plus loin.

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